voyage en Rép. D\' Anglerie en compagnie d\'Anna Graham

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Enilegrad

 

Enilegrad

La Capitale, 

 

 

•1er jour soir

•Arrivé à ENILEGRAD.

Je viens de débarquer. Je n'ai pour tout bagage qu'un peu de linge de rechange et un nécessaire de bivouac. J'emporte dans un étui en cuir,  ma plus belle canne à mouche, tout premier exemplaire en carbone de chez Orvis, et une trousse de montage de mouches artificielles. Ce soir, je dormirai chez l'habitant.
Mon séjour devrait durer deux semaines. D'après ce que j'ai pu en lire ou en entendre, ce pays est un vrai paradis pour les pêcheurs à la mouche. Les rivières et les lacs offrent des profils variés mais, dixit les prospectus de l'agence " Tour Aventure ", ils ne présentent pas de fonds impressionnants et dangereux. Les poissons y sont abondants et d'une taille moyenne très respectable. Aussi, je compte bien profiter pleinement des quinze jours à venir pour les pêcher sans retenue.
La capitale Enilegrad est une ville curieuse, plutôt secrète. Elle est construite  sur une dizaine de pitons rocheux. Chacun d'eux délimite un quartier de la ville développant une activité  particulière, mais tous communiquent entre eux par une combinaison très complexe de signaux sonores et lumineux. Du haut de ses promontoires escarpés, elle domine la forêt de "Lyévene" ainsi que le bayou que constitue le delta du fleuve " La Pesca ".
A " Enilegrad ", la vie s'écoule lentement. De la canopée  montent d'étranges cris d'oiseaux. Jour et nuit, d'un dyke à l'autre, résonne le grincement des grosses poulies qui hissent depuis la forêt tout en bas, légumes, poissons et gibiers.
Ma première démarche pour m'imprégner des coutumes locales en matière de pêche a été de rechercher l'adresse du fameux magasin d'articles de pêche " El Pesca d'Or ". Le dédale des ruelles perchées  au faîte du quartier de " Montessora " ne m'a pas facilité la tâche. Alors que j'errais sur la corniche, j'ai fait la connaissance d'Anna. Je n'avais pas d'autre recours que de lui demander le chemin. Anna est étudiante et elle parle assez bien notre langue. Elle m'a juste précisé qu'elle vivait en communauté avec  de jeunes gens, universitaires comme elle. Je l'ai suivi en me faufilant entre les échoppes artisanales et les étals d'alimentation qui regorgeaient de denrées fraîches.
Le magasin d'articles de pêche ressemblait à la caverne d'Ali Baba. Entassés pêle-mêle dans de grandes nasses d'osier, des cannes, des moulinets, des leurres  et des centaines de pochettes  brillaient de mille feux. Pas de vendeurs, pas de caissier. Ici, on se sert et on paie ce que l'on doit en glissant son billet sous une lourde vitrine que l'on soulève avec un petit pied de biche en or. Parmi les emballages rutilants, je n'ai pas trouvé de mouches artificiellles : pas de coffrets, ni de boîtes à casiers, rien ne s'y rapportant. Tout au plus, dans un recoin mal éclairé,  un amoncellement de plumes aux couleurs ternes débordait d'un sac en toile de jute. J'en ai pris deux poignées et j'ai laissé deux potos sous la chape de verre.
 Ce soir, dans ma chambre aux murs blanchis à la chaux, je m'interroge sur le paradoxe d'Enilegrad. Capitale sous embargo et pourtant d'un luxe envoûtant. Demain, je pêche.

 


 

 

 

 

 

 

 

 

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01/02/2011
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